Par une heureuse coรฏncidence, je suis montรฉ quelques jours ร Paris au moment oรน un jeune Phalarope ร bec large, poussรฉ par les rafales de vent des tempรชtes dโautomne, a posรฉ ses valises pendant une semaineโฆ au Parc des Buttes-Chaumont. Une rencontre improbable ร revivre en images.
Aprรจs Emily, cโest Phalarope qui a dรฉbarquรฉ dans la capitale sans prรฉvenir. Pour lui aussi, les flashs ont crรฉpitรฉ, le nombre de followers a grimpรฉ et lโintรฉgration avec les locaux sโest rรฉvรฉlรฉe parfois compliquรฉe. Lโidylle avec la Ville-lumiรจre aura durรฉ en tout et pour tout un peu plus dโune semaine.
Phala-quoi ?
Ne vous en voulez pas si vous pensiez que Phalarope รฉtait le nom de la cousine de Pรฉnรฉlope ! Si je nโavais pas vu son nom en une des raretรฉs de Faune-France, je nโen aurais jamais entendu parler. Il faut dire que cet oiseau, venu de la toundra arctique, nโest pas commun dans nos rรฉgions. Il niche dans les prairies marรฉcageuses du Grand Nord – Groenland, Islande et Svalbard en Europe – et une fois la nidification accomplie, il passe le reste de son temps en mer, ce qui est trรจs inhabituel pour un limicole.
Alors par quel miracle a-t-il bien pu atterrir aux Buttes-Chaumont ? On ne va pas y aller par quatre chemins – mais on ne se moquera pas non plus ! – son GPS a plantรฉ et il sโest un peu paumรฉ. Les Phalaropes ร bec large passent lโhiver au large des cรดtes dโAfrique de lโOuest ou dโAmรฉrique du Sud. Il arrive quโen cas de tempรชte, les oiseaux soient dรฉviรฉs de leur trajectoire et rabattus vers les terres, ce qui est arrivรฉ donc ร notre ami. Lโhistoire ne raconte cependant pas pourquoi avoir choisi un parc de la capitale plutรดt quโun coin tranquille ร la campagne.
Qui veut la peau du Phalarope ?!
Si vous avez dรฉjร photographiรฉ les Bรฉcasseaux sanderling sur la plage, alors vous comprendrez ร quel type de gaillard vous aurez affaire. Le Phalarope est infatigable. Toujours dans lโeau, il a sondรฉ chaque zone du bassin avec son bec en quรชte de nourriture. Pas si facile donc dโavoir une photo nette ร son passage.
La bonne nouvelle en revanche, cโest que cette espรจce nโest pas farouche. Ca sโest vรฉrifiรฉ sur le terrain. Le Phalarope est passรฉ trรจs prรจs du bord, au pied des promeneurs et des quelques admirateurs qui sโรฉtaient rรฉunis pour lโoccasion, sans jamais montrer de signe dโinquiรฉtude.
Au contraire, les seuls ร lโavoir embรชtรฉ sont les autres oiseaux ! Si les colverts sโen sont plus ou moins accommodรฉs, les poules dโeau lโont carrรฉment pourchassรฉ. Dโautres observateurs ont รฉgalement pu assister ร des conflits avec des corneilles et des perruches.
Entre feuilles mortes et plastique
Jโai rendu visite au Phalarope deux demi-journรฉes. La premiรจre fois, je me suis dโabord tenu ร distance pour rester discret avant de rรฉaliser que lโoiseau รฉtait complรจtement dans sa bulle. Jโai donc pu profiter dโune matinรฉe pluvieuse pour le voir dโun peu plus prรจs, sans attirer dโattention sur lui.
Lโobjectif รฉtait pour moi de rรฉussir ร le saisir dans une ambiance dโautomne en limitant les objets parasites sur lโimage. Pari ร moitiรฉ rรฉussi dans la mesure oรน jโai dรป recourir ร de la suppression de dรฉfauts sur certaines photos pour arriver au rรฉsultat que je cherchais. Je nโai pas รฉtรฉ en revanche jusquโร enlever la bouteille de soda qui flottait, symbole de la folie urbaine dans laquelle notre invitรฉ sโest plongรฉ.
Au-delร de la rencontre, j’ai adorรฉ รฉchanger avec la communautรฉ parisienne d’ornithos qui s’รฉtait relayรฉe en petits groupes pour suivre avec bienveillance les aventures de la ยซย bรชteย ยป, ainsi qu’un photographe l’a surnommรฉ. Avant de m’en aller, j’entendais un enfant raisonner sa mรจre pressรฉe de partir et lui expliquer ร quel point le moment รฉtait exceptionnel. Le goรปter pouvait attendre.
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